Florence Aubenas dans la peau d’un travailleur précaire

Du journalisme d'investigation ça... 6 mois dans la peau d'une femme de ménage... Pour un livre criant de vérité... Ecrira-t-elle un jour un livre sur la prostitution ?

Il y a 8 mois, Florence Aubenas, ex otage douteux (http://www.voltairenet.org/article128335.html) déboule dans le bureau de son patron, au nouvel obs, pour demander un congés sabbatique.

Le prétexte : partir au Maroc écrire un livre.
La vérité : elle souhaitait se mettre dans la peau d’un travailleur précaire.

Pour cela, elle s’installe à Caen où, dans le plus grand secret, elle s’inscrit au chômage et cherche du travail.
Evidemment, elle squatte le pôle emploi de la ville, et finit femme de ménage.
Elle ne gagnera jamais plus de 700€/mois.

Denis Olivennes, du nouvel obs, revient sur cette fable :

Ca me scandalise !

Elle dormait où le soir ?
Elle vivait vraiment avec 700€/mois, sans toucher à ses petites économies ?
Et quand Denis Olivennes dit que la vie de ces gens là est abstraite pour nous ! Putain, qu’il sorte de son bureau !
Tout cela n’est qu’une vaste fumisterie !

Etait-il vraiment nécessaire, pour comprendre la précarité, de s’y infiltrer de la sorte ?
Suivre ces femmes et les interviewer n’était il pas suffisant ?

Au final, Florence Aubenas a mobilisé des ressources publiques (Pôle emploi) pendant 6 mois pour son petit délire d’infiltration !
Et surtout, elle a piqué un job à une personne qui en avait plus besoin qu’elle !

Et demain, si elle veut écrire un livre sur la prostitution, elle va faire le trottoir ?
Et pourquoi pas la claquer dans une cale, entassé avec d’autres, pour se rendre compte de ce qu’est la vie d’un boat people ?
Ou alors, qu’on l’envoie en Afghanistan pour raconter la vie d’un militaire !

Et les tunes que vont générer les ventes de son livre vont aller à qui ?
Car oui, Florence Aubenas va se faire des tunes sur la vie des gens dans la précarité !

Sérieux, tout fout l’camp !

17 commentaires

  1. J’ai vu votre commentaire sur le blog “La trace des jours” et je viens de lire votre article. Quelle verve et quelle noble révolte. Cependant, je pense que ce livre témoignage peut avoir quelque utilité. Je ne prise guère Monsieur Olivennes et sa formule n’est pas heureuse. On peut s’en indigner mais bien des gens vivent dans l’ignorance des conditions d’existence des autres, c’est ainsi. Maintenant votre charge me semble assez excessive, quant à la proposition concernant la prostitution elle est d’une rare élégance. Enfin, au risque de leur vie des journalistes ont accompagné des gens vivant des situations fort dangereuses, certains en son morts. F. Aubenas fut otage…

  2. Et si Florence Aubenas sortait le même livre dans un autre contexte : “Je viens de passer les 6 derniers mois à suivre 5 jeunes femmes, certaines mamans, femmes de ménage, qui vivent au quotidien la précarité. J’étais à leur coté, ce livre est le journal de la vie de ces femmes” : quelle différence ?

    La différence est toute simple : nous n’en parlerions pas aujourd’hui !!

    J’ai juste projeter une méthode de travail d’une journaliste que tout le monde bien pensant semble approuver à des sujets tout aussi banals.

    J’admire le journaliste qui, au péril de sa vie, accompagne des gens vivants des situations dangereuses. Pas celui qui trompe 6 mois durant celles et ceux qu’il prétend défendre.

    Et pour finir, un bon journaliste est un journaliste vivant !

  3. Complètement d’accord. Je trouve sa méthode indécente.
    Tout le monde sait qu’aujourd’hui en France de nombreuses personnes ont des problèmes d’argent, d’emplois précaires. Les inégalités se creusent toujours plus, et il n’y a qu’à descendre dans la rue pour s’en rendre compte.
    Dénoncer cela, c’est nécessaire. Même si tout le monde est au courant, rappeler les conditions de vie des petites gens aux nababs du sommet de la pyramide n’est jamais inutile.
    Néanmoins, que cherche-t-elle à montrer, à procéder de la sorte? Que c’est dur de vivre avec 700€ par mois?
    C’est peut-être dans le prolongement de la “Télé-pour-demeurés”, avec M6 qui apprend aux gens à éduquer leurs enfants, à manger mieux pour moins cher, à s’habiller “tendance” sans avoir les moyens de se payer des marques, à faire une déco “cheap” dans sa maison, pour mieux la revendre, etc…

    Tout cela est selon moi un autre moyen de faire du fric avec la misère des gens. Du voyeurisme malsain plus que du journalisme. Je désapprouve.

    Je préfèrerais franchement que quelqu’un publie des articles sur les “difficultés” que rencontrent nos pauvres patrons à trouver comment dépenser, placer, investir suffisamment pour payer moins d’impôts, ou pas du tout.
    C’est malsain aussi, certes, mais cela remuerait bien plus l’opinion publique -en théorie-, que de montrer à “la France d’en bas” qu’elle n’est pas seule dans sa misère.

  4. J’ai lu l’article de le libé après avoir posté. Bon concept de confronter ces gars à la réalité, mais malheureusement, en France, on ne trouverait pas de candidats…

  5. Je l’ai lu, et vous ?
    Ca valait la peine de le faire. Les femmes dont elle a partagé la vie pendant quelques mois ont d’abord mal réagi, puis ont lu le livre, et ont changé d’avis. Faire un reportage, ça n’aurait absolument pas donné la même chose. Mais je comprends la première réaction.

  6. @Elenea : non, je n’ai pas lu. Je reste cependant convaincu que vivre la précarité en sachant qu’au bout, on a un toit, un métier, et un matelas financier confortable, n’est pas vraiment vivre la précarité….

  7. Bien sûr, mais ce qui est intéressant c’est ce qu’elle écrit. Je la pense totalement sincère. Empruntez le bouquin à quelqu’un ou dans une bibliothèque pour ne pas alimenter son compte en banque, si ça vous ennuie, mais lisez-le, c’est intéressant. Bonne journée.

  8. @ Pierre : Si je vais travailler pendant l’été comme serveur. Sachant que je serais étudiant à la rentré, ca ne m’empêchera pas de saisir en grande partie en quoi consiste le métier, les difficultés qu’il implique. De voir à quoi pourrais ressembler ma vie si je travaillais à plein temps. La elle fait une investigation. Non pas pour devenir précaire(Si cette expression à du sens), mais pour être confrontée à des gens qui vivent dans la précarité. C’est un travail de journaliste.

    Je ne vois vraiment pas ce qui justifie cette montée de bouclier !

    Tu écris : “Etait-il vraiment nécessaire, pour comprendre la précarité, de s’y infiltrer de la sorte ?
    Suivre ces femmes et les interviewer n’était il pas suffisant ?”

    Bah en terme de confiance dans l’échange, il me semble évident que le résultat de “l’enquête” sonnera d’autant plus vrai que les personnes questionnées ne sont pas consciente d’être sous le feu des projecteurs….et même le sentiment peut être de n’être qu’un sujet pour un journaliste.
    Et au delà de ça, même si ce n’était pas nécessaire, ou est le problème? Tu trouve que c’est du voyeurisme? Moi je ne trouve pas forcément, rien ne t’oblige, mais alors rien du tout, à acheter le bouquin.

    Encore une fois ,

    Je ne vois vraiment pas ce qui justifie cette montée de bouclier !

  9. @Pierre : Pardonne moi d’insister mais je ne comprend pas ça non plus :

    Tu dis “Et pour finir, un bon journaliste est un journaliste vivant !”

    Aucun sens pour moi. Un journaliste fait son boulot de journaliste. Il observe et commente. Point Barre.
    Et a mes yeux l’observation en immersion anonyme est idéale pour obtenir un regard au plus proche de la réalité.

    On est forcément pas le même lorsqu’on sait qu’on est interviewé, filmé, observé…

    Non?

  10. “Un bon journaliste est un journaliste vivant” était en réaction à un autre commentaire. Ce que je voulais simplement dire sur ce point, c’est qu’un journaliste mort ne sert à rien, puisqu’il ne pourra plus faire son travail.

    Pour le reste, je maintiens mon point de vue, en soulignant deux trois réflexions :
    – Si tu bosses comme serveur l’été, tu n’en fais pas un livre et tu ne gagnes pas de pognon là dessus
    – S’infiltrer de la sorte, c’est favoriser la confidence : je n’en suis pas convaincu. Et je ne suis pas convaincu non plus qu’on vive vraiment la précarité quand on sait qu’on retrouve un toit, et un compte en banque à la fin de la période.
    – Ce dont je suis convaincu par contre, c’est qu’avec pareille méthode, on va parler de toi et de ton bouquin : promo assurée.
    – Elle a trahi tous ces gens pendant 6 mois ! Sérieux, ça m’écœure ! Ca te plairait à toi d’avoir un nouveau collègue pendant 6 mois pour apprendre qu’à la fin, il n’avait pas besoin de l’argent qu’il a gagné, qu’il va écrire un bouquin sur ta vie, le vendre, et faire du pognon dessus ??

    Non, je ne suis pas obligé d’acheter le bouquin… Heureusement ! Manquerait plus que ça ! Mais ce n’est pas une raison pour que je ne puisse pas m’exprimer sur le sujet,

  11. @ Pierre :Mais bien sur que tu peux t’exprimer sur le sujet Pierre ! Bien sur !

    – “Si tu bosses comme serveur l’été, tu n’en fais pas un livre et tu ne gagnes pas de pognon là-dessus”

    Je te parle de la démarche, du concept. Pas besoin d’être précaire pour parler précarité. Les journaliste de guerre font il la guerre ? Non, ils la vivent et la commentent.

    – “S’infiltrer de la sorte, c’est favoriser la confidence : je n’en suis pas convaincu.”

    Moi ça me semble évident. Tellement évident que je ne te comprend pas sur ce coup la.

    – “Ce dont je suis convaincu par contre, c’est qu’avec pareille méthode, on va parler de toi et de ton bouquin : promo assurée. La promo était assurée de part son Nom et son histoire. ”

    Quoi de plus normal qu’on parle de toi lorsque tu fais un truc nouveau et surprenant ? Pour moi y’a pas de jugement à avoir, c’est plus un concours de circonstance qu’autre chose. Elle est connue, elle fait un truc surprenant, on parle d’elle…

    – “Elle a trahi tous ces gens pendant 6 mois ! Sérieux, ça m’écœure ! Ca te plairait à toi d’avoir un nouveau collègue pendant 6 mois pour apprendre qu’à la fin, il n’avait pas besoin de l’argent qu’il a gagné, qu’il va écrire un bouquin sur ta vie, le vendre, et faire du pognon dessus ?? ”

    Cette personne aura eu le mérite d’être la. Et je lui en serais probablement reconnaissante.

    Ce qui m’énerve c’est que si elle avait fait un travail de journaliste classique, on lui aurait reproché de n’avoir approché le problème qu’en surface. On aurait tout de meme parler d’elle et on lui aurait reproché quoi qu’il arrive, de profiter de ses aventures recentes.

  12. Nos points de vue se valent. D’autant qu’il y a une part de subjectivité comme toujours là dedans :)
    Faut vraiment qu’on se trouve un moment pour boire une bière toi et moi !

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