Au nom d’Aisha…

Une raison de légitimer une présence militaire en Afghanistan. Demain, en France ?

Vous avez sans doute vu cette cette couverture du Time ou entendu dans les médias l’histoire de cette femme, Aisha, l’Afghane. Je ne porterai pas de jugement sur son histoire, ce n’est pas mon propos ici (ça me donne juste envie de vomir).

Non, ce qui m’intéresse c’est justement la couverture du Time et l’exploitation que l’on fait du sort subi par Aisha.

“What happens if we leave Afghanistan” titre le Time.  La violence faite aux femmes. Voilà ce qui justifie la présence des soldats de l’axe du bien, de la démocratie, de la liberté…  en Afghanistan.

Ok ok ok… j’avais pas compris que c’était pour ça moi. Et moi je suis à fond pour la cause des femmes.

Et à ce propos, j’ai une petite requête :

Il y a un pays où en 2010, une femme meurt tous les 2 jours et demi sous les coups de son mec. Putain, mais que fait le Pentagone ? Que fait la presse ? Que fait Wikileaks…? Reste  que Bruce Willis peut-être  ?

Où ça se passe vous demandez-vous  ? Où des centaines d’Aisha subissent des coups et des humiliations chaque jour ?

Ici, juste là.

En France.

12 commentaires

  1. Compliqué cette une du journal Time…
    « What happens if we leave Afghanistan » : c’est du lourd quand même pour titrer cette photo !
    Le Time a des affinités avec le gouvernement US ?
    Pris d’émotion par l’histoire d’Aisha, il s’est laissé embarqué ?

    Parce que bon, là, on peut aussi imaginer une couv du time avec un gamin qui crève de faim avec pour titre :
    “Voilà ce qui arrive depuis que nous les laissons crever de faim”

  2. C’est normal d’être pris par l’émotion face à l’histoire de cette femme. Mais la presse doit dépasser ça justement.
    Le Time semble insinuer que c’est ce qui se passera si les forces armées étrangères quittent l’Afghanistan. Or c’est déjà ce qui se passe alors qu’elles y sont.
    Et puis je trouve qu’on ne légitime pas une guerre comme ça. Des femmes sont battues à mort en France, des filles sont excisées en Afrique, des hommes sont exécutés en Chine ou aux Etats-Unis. Est-ce qu’on déclenche des guerres et des occupations pour ça ?
    C’est un peu deux poids deux mesures non ?
    C’est comme pour la bombe, il y a des pays qui peuvent et d’autres non.

  3. Cette impression de plus en plus forte que l’actualité est traitée de façon purement “publicitaire” : une photo (en studio ?), un slogan… point !
    Il ya un siècle déjà on manipulait l’information peut-être, (propagande, etc…), mais aujourd’hui on cherche à surtout à faire du business.
    Alors plus de Journalistes, plus de Photo-Reporters ?
    Euh… quand une photo de Johnny rapporte plus que 3 mois de reportage dans une zone de guerre, quand la majorité des gens trouvent leurs sujets de conversation pour la pause café dans les gratuits distribués dans le métro ou sur Google Actualités…

  4. Je suis particulièrement choqué par la comparaison faite entre le sort des femmes afghanes et celui des femmes françaises.
    C’est une insulte aux femmes afghanes qui, pour beaucoup, vivent une vie que nous ne pouvons imaginer dans nos pires cauchemards.

  5. Moi, ce qui me choque, c’est que vous ne le soyez pas, choqué, par les maltraitances faites aux femmes aussi en France.
    En outre, ce n’est pas vraiment le propos de l’article. Le propos de l’article, c’est que si le traitement des femmes afghanes justifie l’intervention militaire américaine, alors pourquoi pas chez nous ?

  6. Peut-être que nous ne voyons et/ou ne comprenons pas tous la même chose sur un même article (de façon générale).
    Personnellement sur cet article de Karine, je “vois” dans la Une du journal la question de la justification (ou pas) d’une intervention militaire Américaine. Et dans le texte c’est plutôt le sujet de la maltraitance des femmes qui est abordé.
    Et ce portrait de jeune fille mutilée ne me fait pas penser à la maltraitance des femmes (compte tenu du contexte de la Une, hein), mais à l’horreur de la guerre : hommes femmes enfants confondus. Mais un peu comme dans “Elle” (cf article de Pierre ;-) ) c’est la photo qui est décalée : jeune fille plutôt jolie et affreusement mutilée.

    Ce qui fait que j’ai un peu zappé le sujet de la maltraitance des femmes… involontairement !
    C’est aussi un sujet grave, mais je ne suis qu’un homme, alors plusieurs sujets en même temps ;-)

  7. Je n’aime pas ces statsitiques du genre “tous les 2 jours et demi”.
    C’est comme la statistiques 1000 mariages forcés en un an,elles ne parlent pas de l’origine de la victime.
    Il est quand même triste d’associer les femmes françaises aux femmes afghanes.
    Chez nous il existe des centres,des psychologues,etc, vers lesquels les femmes peuvent se tourner.Amnesty International fait des campagnes de prévention.Tout ça est impossible en Afghanistan.
    Et avant de juger un article,il serait peut être bien de le lire.
    La photo de la jeune fille de 18 ans a été realisé pour montrer que ces femmes sont belles malgré les blessures.
    L’article a été écrit lors du passage d’Aicha aux Etats-Unis où une clinique lui a offert les interventions pour reconstruire son nez et ses oreilles.
    En France,les femmes victimes de violence sont souvent des naïves qui croient que l’amour va changer leur mari/copain/fiancé…..

  8. @Lachi : effectivement on fait dire ce que l’on veut aux stats.
    @Minorpentatonic : je ne compare pas le sort des femmes afghanes et des femmes françaises. Ce n’est pas mon propos.

    Simplement, il n’y a pas de souffrance supérieure ou inférieure à une autre. Mourir sous les coups d’un mec que ce soit par ses poings, un couteau où je ne sais quoi d’autre, on s’en fout. Ce qui compte c’est l’intention et le résultat.
    Oui le sort des femmes afghanes est abominable, il n’enlève cependant rien au sort des femmes battues en France. Oui, en France, on a des structures pour aider. C’est à se demander ce que ce serait sans ça.

    Quand à la beauté de Aisha ou de la photo, c’est pire que tout : ça veut dire quoi ? c’est encore plus grave, ça mérite une intervention militaire parce qu’en plus elle était jolie ? Si elle avait été moche, elle aurait pu crever dans un coin, c’est ça ?

    @Lachi : je trouve choquant de lire que les femmes victimes de violence sont naïves. Tu veux dire que c’est un peu de leur faute ? Un peu comme celles qui portent des mini jupes et qui cherchent le viol ?

  9. @Karine : Raccourci dangeureux que celui des mini-jupes et du viol. On ne peut pas dire non à un violeur, mais on peut toujours quitter un compagnon violent.

    Je pense surtout que Lachi veut dire qu’en France, même si ces femmes restent des victimes qui sont tombées (amoureuses) sur la mauvaise personne, elles vivent dans une société où ce qu’elles subissent est mal vu par l’ensemble de la population et puni par la loi. Elles auront toujours des gens ou des structures auxquelles s’adresser, une démarche simple (sauf peut-être psychologiquement) à faire pour être protégées rapidement et efficacement. Pas en Afghanistan.

  10. @Fivizzz : Tu as raison, on peut tenter d’échapper à un mari violent même si c’est beaucoup plus difficile qu’on ne le pense (dépendance affective, financière…). Et je suis d’accord avec ta remarque sur la condamnation par la “société” des violences faites au femmes en France (ce qui est sans doute moins le cas en Afghanistan). Les situations dans les deux pays ne sont pas comparables. Je continue cependant à penser que le problème même s’il est condamné en France n’a pas le traitement, ne génère pas l’attention, qu’il mérite.

  11. Par les temps qui courent et la nécessité de redorer les intentions belliqueuses, impérialo-colonialistes dans ce pays, de souligner que là-bas “on ne meurt pas pour rien”, voici une image parfaite de propagande. Merci cher site adoré, de cette photo énormissime que j’utiliserai prochainement sur un plan pédagogique. Tu avais du nez !
    ):

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